Je commencerais par deux remords.

L'ignorant visionnaire
Au cours des années 1980, alors que j'étais en compagnie d'une collègue examinateur d'un concours d'employé de bibliothèque, un candidat qui semblait n'avoir qu'une connaissance lointaine des bibliothèques dut répondre à la question : "Qu'est-ce qu'un catalogue de bibliothèque". Il expliqua qu'il s'agissait d'une sorte de brochure dans lequel les livres de la bibliothèque étaient décrits avec une photographie de leur couverture. Lorsqu'il eut tourné les talons nous nous gaussâmes ma collègue et moi-même d'un pareil ignorant confondant un catalogue de bibliothèque et un catalogue de vente par correspondance. Aujourd'hui je sais que c'était un visionnaire et que c'est lui qui avait raison car nous sommes exactement en train de proposer, sur écran, ce qu'il envisageait sur du papier.

Inintéressants, les catalogues
Mon second remords consiste à avoir déclaré en 1995 1 , alors qu'on commençait à se demander ce que les bibliothèques publiques pourraient faire avec l'Internet : "Quoi de plus inintéressant sur Internet qu'un catalogue de bibliothèque ?", au motif que je continue à trouver pertinent que le catalogue n'est que la promesse d'une information, non l'information elle-même ? Or je n'ai depuis cessé de m'occuper de la question des catalogues sur Internet.


Notes
1 Internet et les nuls : Que viennent faire les bibliothèques publiques dans la société de l'information ?, in : Bulletin d'informations de l'ABF no169, 1995.


Le nouvel âge des catalogues
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