Concours de biblio-colère
Message de Dominique Lahary à la liste de diffusion biblio-fr, 22/03/2003
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Message 1 | Message 2 de Dominique Lahary

Le lot journalier de messages " biblio-colère " permet le développement entrelacé de débats multiples et autorise des registres d'intervention différents. Vraiment biblio-fr est irremplaçable et vivent ses rencontres et sa fête, du 23 au 25 avril ! (je n'y serai malheureusement que le 23).

Je voudrais apporter ici une contribution à plusieurs débats :
1) L'organisation des concours et des formations y préparant par le CNFPT
2) Pour ou contre le système de la carrière ?
3) Pour ou contre les concours ?
4) Formation professionnelle et statut
5) Le sens du métier de bibliothécaire

et l'introduire par trois préliminaires :
a) Débat et minorité
b) Polémique et fustigation
c) Colère et raison

a) Débat et minorité
Il y a vraiment chez les bibliothécaires, mais aussi entre eux et d'autres secteurs de la société, matière à débats contradictoires. Souvent j'ai regretté que nous ne débattions pas assez contradictoirement. Nous le faisons ici, je m'en réjouis. Mais pourquoi s'instituer a priori comme minorité opprimée ou montrée du doigt ? Il n'y a pas de pensée unique Je suis pour ma part convaincu, à tort ou à raison, d'être minoritaire au sein de ma profession sur un certain nombre de points. Vive le débat contradictoire : Personne ne ferme la bouche (le clavier) à quiconque.

b) Polémique et fustigation
Un débat contradictoire peut comprendre des éléments de polémique. Sur biblio-fr, une retenue partagée fait que cette polémique n'atteint pas explicitement des individus. La polémique repose souvent la construction de l'adversaire : celui qu'on attaque explicitement ou non ne s'y reconnaît pas forcément. C'est la loi du genre.
Mais je ne crois pas qui jusqu'ici quiconque ait entendu jeter l'opprobre sur une catégorie, par exemple ceux qui ont réussi des concours, ou encore les " cons de conservateurs ". Quiconque le ferait serait à mon sens ce qu'on peut appeler un raciste : la fustigation d'un groupe humain en tant que tel, quelle que soit la définition de celui-ci, fait partie des pires bassesses dont les hommes soient capables.
Mais on peut, sans l'avoir voulu, blesser. Si pour ma part je l'ai fait, j'en suis désolé, et particulièrement touché s'agissant de gens que je connais et estime.
Quand j'ai écrit dans mon message du 4 mars (
http://listes.cru.fr/wws/arc/biblio-fr/2003-03/msg00024.html) " recruté dans une commune avant 1992 (en l'occurrence en 1977), je n'ai jamais passé de concours, j'ai été simplement recruté parce que je faisais état de compétences sanctionnées par l'obtention d'un diplôme (le CAFB) ", ce n'était pas pour en tirer gloire ni vouer aux gémonies les " conservateurs par concours ", c'était exactement l'inverse : par égard pour ceux qui doivent faire l'effort de passer ce concours, je mesure la chance que j'aie eue d'accéder à cette carrière préférable à d'autres sans être passé par cette épreuve. Je connais bien sûr de formidables conservateurs par concours, j'en ai même recruté, je dirige à l'occasion avec plaisir des mémoires d'élèves conservateurs, et pour autant, je ne dénie pas à priori toute valeur aux " conservateurs par décrets ", il en existe bien sûr aussi d'excellents, simplement ils ont eu comme moi la chance de se trouver très exactement dans la situation leur permettant d'être intégrés dans ce cadre d'emplois, alors que d'autres ne l'ont pas eu. Je n'en conçois pas de culpabilité, mais comprends certaines réactions.

c) Colère et raison
De conviction rationaliste, je ne dénie pas pour autant toute valeur à l'émotion et trouve à l'occasion son expression indispensable. La colère est une des formes de l'émotion. Elle ne propose pas de solution en elle-même, bien évidemment. Mais elle peut aider à poser un problème, ou plus exactement donner une indication sur sa gravité.
La question des formations et modes de recrutement des personnels de bibliothèque n'est pas une question théorique. Le paysage inventé par l'État en 1992 ne cesse depuis d'entraver le fonctionnement des établissements et de faire souffrir des gens. Qu'un peu de cette souffrance soit jetée à la figure des décideurs, et j'espère ne pas céder à la démagogie et écrivant cela, me paraît indispensable et bienvenu. Dans la mécanique sociale, les " émotions populaires " n'ont jamais produit directement de programmes de réforme, mais ont pu les aider à voir le jour.
Cela fait dix ans et demi maintenant que nous sommes un certain nombre à dire que le nouveau dispositif présente des inconvénients majeurs. Le dire dans un texte argumenté a un petit poids. Le dire dans le cadre d'une pétition, comme la pétition SOSbibli (
http://sosbibli.free.fr) en 1999, en a un peu plus. Laisse éclater sa colère peut, qui sait, ouvrir les oreilles de ceux qui ne veulent pas entendre.
L'expression de la colère n'est donc pas la manifestation d'étourdis qui nous feraient par inconséquence jeter je ne sais quel bébé avec je ne sais quelle eau du bain : c'est un moyen d'action.
Quand la colère gagne des candidats, des correcteurs, des intervenants dans le cadre de la préparation aux concours, des responsables de bibliothèque, cela veut dire quelque chose. Le ministère de l'Intérieur, celui de la culture et le CNFPT feraient bien de porter attention à l'impatience, au désespoir parfois, de ce qu'il est convenu d'appeler le " terrain "

Maintenant, une contribution à cinq débats.

1) L'organisation des concours et des formations y préparant par le CNFPT.
Le loupé du concours de bibliothécaire territorial, session 2003, est un problème qui peut être traité pour lui-même, indépendamment de la question de la validité des concours. Je veux aujourd'hui l'isoler pour aller jusqu'au bout de cette question.
Ce n'est pas pour moi une question théorique : le loupé a des visages, et nous sommes beaucoup à connaître des visages, des gens qui ne sont par reconnus par les concours, par ce concours-là. Cela ne veut pas dire que je dénie toutes valeurs à ceux qui sont reçus - pas du tout. Ne surinterprétons pas.
Depuis 1992, je ne cesse de dire à mes collègues : ne tirons pas sur le CNFPT, qui est chargé d'appliquer de mauvais textes qu'il n'a pas écrits.
Mais après les incidents du dernier concours externe d'assistant qualifié de conservation, je crois qu'il est temps cette fois-ci de transmettre un vigoureux message au CNFPT.
Ce message, s'agissant de l'organisation des concours et des formations y préparant, est simple : rassemblez les compétences auxquelles vous faites appel de façon dispersée. Nous avons l'impression d'un cuisinier qui disposerait de tous les ingrédients permettant de faire une bonne soupe, mais, ne les utilisant ni dans le bon ordre ni dans les bonnes combinaisons, ne produirait qu'un brouet infâme.
Énumérons les ingrédients :
- La délégation Champagne-Ardennes a élaboré pour le compte du " national " un référentiel rénové des métiers des bibliothèques.
- Les diverses délégations régionales recrutent des intervenants pour préparer aux épreuves du concours.
- Le service des concours fait élaborer des sujets d'épreuves et leur corrigé.
- Les délégations régionales, éventuellement regroupées en interrégion, recrutent des correcteurs, des examinateurs, des membres de jury.
Rien de tout cela n'est connecté. Les enseignants enseignent sans savoir quelle est la doctrine présidant à la conception des sujets, et donnent à l'occasion des conseils différents d'une région à l'autre.
Les inventeurs de sujets ne sont pas incités - c'est gros comme le nez au milieu de la figure - à se référer au référentiel des métiers élaboré par ou pour le CNFPT.
Les correcteurs sont invités à corriger des épreuves en ne recevant que de sommaires consignes écrites, avec des corrigés qui sont parfois très contestables. (Je rassure au passage les candidats sur un point : il y a double correction pour toutes les épreuves écrites).
Quant aux examinateurs des épreuves orales, ils reçoivent environ 5 à 10 minutes de consignes le matin. Si l'épreuve porte sur des textes, ils n'ont pas le temps de les lire avant que ne commencent les épreuves.
Je vous parle d'expérience : si je n'ai jamais proposé de sujet, j'ai été enseignant, correcteur, examinateur.
Mais constater cela c'est aussi engager les bibliothécaires à proposer de la doctrine, des sujets. Je le répète, je me fais le lourd reproche d'avoir fait campagne pour la professionnalisation du concours de bibliothécaire sans jamais en indiquer le contenu.
Il est possible, dans le cadre des textes actuels, que les prochains concours se passent mieux. Travaillons-y ensemble, dans un esprit constructif.

2) Pour ou contre le système de la carrière ?
Se déroule un débat pour ou contre les concours. Cela ne me paraît pas dangereux mais utile, et je ne vois qu'au motif que je ne sais quel ultralibéral se tiendrait tapi dans l'ombre, prêt à se jeter sur la moindre parole hétérodoxe pour brandir la nécessité de liquider le statut des fonctions publiques, il faille se tenir coi, au demeurant claquemuré dans nos frontières nationales, puisque ce se fait chez nous existe assez peu ailleurs (ce qui ne veut pas dire que c'est mal a priori, j'en conviens).
Mais je voudrais aborder une question se situant en amont de la question des concours : celle du principe à la racine des fonctions publiques française, tel qu'affirmé le statut des fonctionnaires de l'État de 1946, puis dans la loi du 13 juillet 1983 portant doit et obligations des fonctionnaires [d'État, territoriaux et hospitaliers] (
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/MSEAF.htm) : le principe de la carrière.
Quand les anciens agents communaux dont j'étais sont devenus fonctionnaires territoriaux, on nous a expliqué que nous passions d'un système de l'emploi à un système de la carrière, au motif que nous avons conquis une garantie d'emploi que nous n'avions pas auparavant. Il est vrai que si un conseil municipal supprimait un poste, celui qui l'occupait perdait tout. Aujourd'hui, il serait pris en charge par le CNFPT ou le centre de gestion. Mais à part ces rares cas nous poursuivions bien notre carrière de façon continue quand nous mutions d'une commune à l'autre. Et le passage d'un grade à l'autre était bien régi par des règles statutaires. Le fonctionnaire est dans une relation non contractuelle, unilatéralement soumis à son employeur, dans le cadre de lois et règlement. Mais sauf faute lourde, insuffisance professionnelle ou abandon de poste, il a une garantie d'emploi et poursuit sa carrière de façon continue d'une collectivité à l'autre. Outre la garantie absolue d'avancement d'échelon en temps maximum au sein du grade, il permet sous réserve de l'accord de l'employeur des avancements de grade et permet, dans un cadre strictement réglementé (concours interne, promotion interne) de passer d'un corps ou cadre d'emploi à l'autre, objectivant en quelque sorte la progression de carrière.
Tout autre est le cadre contractuel, dont relèvent les salariés du secteur privé, mais aussi de très nombreux agents de l'État et des collectivités territoriales, y compris dans les bibliothèques (lisez " Accueillir et intégrer des personnels permanents " aux Presses de l'Enssib, coll. La Boîte à outils : leur nombre est parfois impressionnant, comme à la BPI ou la BnF). Dans une relation contractuelle pseudo-égalitaire avec son employeur, il se trouve, dans la limite des dispositions des conventions collectives pour autant qu'elle sont appliquées, soumis à la volonté de son employeur quant à ses attributions et sa rémunération, sauf à disposer d'un rapport de force (par exemple en terme de marché du travail ou de compétence personnelle) lui permettant d'obtenir tel avantage. S'il change d'employeur, tout est à renégocier.
En tant que bibliothécaire (pour moi-même) mais aussi en tant que directeur de bibliothèque, je suis pour ma part attaché au système de la carrière, car il met à l'abri d'éventuels aléas locaux et facilite la mobilité des compétences. Ce système permet d'ailleurs, quelle que soit la mauvaise qualité de l'architecture statutaire, au métier de bibliothécaire d'exister indépendamment des tâches ponctuellement attribuées à chacun par chaque employeur. Je ne sais pas s'il y en a d'autres mais je connais au moins un homme politique français qui milite ouvertement pour la contractualisation de tous les fonctionnaires : Christian Blanc, le tout nouveau député UDF des Yvelines. Moi pas.
Mais il faut reconnaître que ce système a des inconvénients notables :
- Il laisse de côté un inévitable volant de non titulaires. Je dis bien inévitable et renonce à accuser systématiquement la noirceur de tel ou tel employeur. Moi même en tant que recruteur suis attaché à choisir des individus, avec leurs compétences, et tant pis si c'est comme contractuels.
- Il ne permet pas une adéquation correcte et continue entre importances des qualifications et des responsabilités et statuts. En d'autre terme, le statut de fonctionnaire est incompatible avec la revendication " à travail égal salaire égal ".
- Il ne sait pas en l'état actuel des choses valoriser une expérience accumulée hors de la fonction publique. Les collègues de la bibliothèque de la Cité des sciences, sous contrat de droit privé, en savent quelque chose, mais aussi tous ceux, libraires, éditeurs, documentalistes du secteur privé, et même contractuels du secteur public, et bien d'autres, qui pourtant peuvent apporter leur expérience et leur sa voir faire dans une bibliothèque.

3) Pour ou contre les concours ?
J'ai peut-être contribué à lancer ce débat, dans mon message du 4 mars, par ma remarque sur le caractère mortel du système des concours. C'était de ma part non un mot d'ordre, mais une prévision. Pardon du syllogisme : " Tous les dispositifs institutionnels sont mortels, hors le concours à la française est un dispositif institutionnel, donc il est mortel ". J'ai à dessein introduit un relativisme, mis à mal une sacralisation. Le concours n'est pas de toute éternité, il est historiquement et institutionnellement déterminé. Que deviendra-t-il dans le contexte européen ?
On présente (et c'est implicite dans ce débat sur biblio-fr) le concours comme une condition nécessaire du système de la carrière. Et si ce n'était pas si évident que ça ? On peut avoir concours sans système de carrière, du moins complet : c'était le cas de l'ancien statut communal. Il y avait bien des concours. Même dans les bibliothèques, mais personne ne s'en apercevait : on pouvait toujours organiser un concours, interne, mais la plupart des recrutements se faisait par concours sur titre non formalisé, et le contrôle de légalité fermait les yeux. C'est-à-dire que vous étiez reçu en entretien, et si vous plaisiez on vous disait : bon, vous avez le CAFB (plus éventuellement une licence) donc je vous recrute comme sous-bibliothécaire (éventuellement bibliothécaire).
Ne peut-il pas y avoir carrière sans concours ? Des juristes spécialistes de droit administratif vont me dire que non, mais après tous, nous n'en sommes plus au code d'Hammourabi (pauvre pays qui le vit naître !), le droit peut évoluer.
On dit que le concours permet seul de garantir le principe d'égalité, en application de ce magnifique article 6 de la Déclaration des droits de l'homme du citoyen de 1789 (
http://www.justice.gouv.fr/textfond/ddhc.htm) : " [La loi] doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens, étant égaux à ces yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. "
Je m'excuse, mais tel qu'il est effectivement appliqué sur le terrain, ce principe tourne à la farce. N'y a-t-il pas moyen de réinventer une façon de l'appliquer d'une façon adaptée au contexte contemporain ?
Regardons le dispositif réel de recrutement dans les collectivités territoriales : il s'apparente à ce qui se passe dans le secteur privé (et je ne dis pas ça pour le vouer aux gémonies !, c'est un constat) : offre d'emploi, candidature, entretien de recrutement. Je pratique ça comme candidat ou recruteur depuis 1977 et je trouve que c'est un système très efficace et très satisfaisant (et pourtant il m'est arrivé de poser ma candidature sans succès à plusieurs postes).
L'égalité, c'est celle des candidats devant un employeur qui recrute. Chacun a ses chances. C'est comme ça que ça marche, dans les collectivités territoriales. Et on voit que pour les mutations au moins, on y vient du côté de l'État, et qu'il est bon de se faire connaître quand on demande une mutation quelque part. Peut-être le recrutement par sur concours est un bon système pour l'État, je n'en sais rien, je n'ai pas de religion là-dessus. Mais dans les collectivités territoriales, ça se passe autrement. Les concours et les procédures réelles de recrutement se marquent à la culotte et se contrarient mutuellement. Le pays légal est à côté du pays réel.
J'ajoute ce que tous le monde constate : la procédure de calcul du nombre de postes aux concours territoriaux ne fonctionne pas. En bref, les concepteurs de la fonction publique territoriale ont inventé le quasi concours, compromis boiteux entre le concours d'État et le fonctionnement réel des collectivités locales. Ne pourrait-on trouver un autre compromis ?
J'ajoute, puisqu'on y trouve une allusion dans plusieurs messages, que la fameuse question du copinage et du cousinage, en clair du népotisme et du clientélisme, me paraît tout simplement en dehors de la question. Très franchement ce phénomène me semble quantité absolument négligeable, je ne l'ai personnellement jamais rencontré. Je veux bien que dans certaines collectivités il y ait certaines formes de clientélisme. C'est quand même circonscrit. Fonder tout un système de sélection très coûteux (car les concours tels qu'ils sont gérés actuellement sont très coûteux) sur l'éventualité du clientélisme, ça me paraît disproportionné - c'est comme si on embêtait tous les bibliothécaires et leurs fournisseurs de livres à passer par un lourd système de marchés publics au motif qu'il y a eu de la corruption sur des dossiers de travaux publics (là je blague, je me défoule après avoir dû monter des dossiers d'appel d'offre et vu des libraires éliminés ou ne pas répondre). De toute façons, puisque dans les collectivités territoriales on ne recrute ou ne mute que sur entretien et n'est promu que sur décision de l'autorité territoriale, le concours tel qu'il est aujourd'hui sert surtout à empêcher les collectivités de recruter ou de titulariser des compétences qu'elles reconnaissent. J'ai des noms.
Peut-être le principe du concours sur titre est-il une bonne solution, pour une partie des cadres d'emplois. Certains le réclament depuis longtemps. Je leur répondais qu'il y avait un problème de titres, un paysage trop éclaté. Puisque voilà le temps de reconfigurer les diplômes selon la logique européenne LMD (licence-maîtrise-doctorat, voir http://www.cpu.fr/Dossier/LMD/), n'est-il pas temps de composer un paysage simplifié mais plus cohérent et solide de formations universitaires, d'asseoir une architecture, enfin simplifiée, sur des niveaux stables et reconnus de formation ? Un collègue me disait ses idées à ce sujet, peut-être s'exprimera-t-il sur cette liste. Alors nous pourrons avoir des concours sur titre. Elargi, pourquoi pas, à un système de certification pour prendre en compte l'expérience, les parcours atypiques (car si le principe d'égalité c'est de fusiller les atypiques, je me pose des questions).
Cela ne règle pas la question des concours interne. Le CAFB était compatible avec un travail (1 jour 1/2 ou 2 jours par semaine quand je l'ai préparé, possibilité réaliste d'autorisation d'absence), il servait aussi pour la formation du personnel en poste. Il faudra trouver des parcours de formation continue préparant à des épreuves professionnelles, si possible ne comportant pas la reproduction d'un devis d'Opsys vieux de cinq ans (et merci à Opsys d'avoir protesté).
Enfin, question importante, il faut de l'ouverture et pas de la fermeture. La possibilité d'intégrer des compétences inattendues, des talents décoiffants. Blinder la profession la fait mourir. Il doit y avoir des solutions.

4) Formation professionnelle et statut
On le sait : la formation est un sous-produit du statut, et c'est pour cela que la réforme statutaire a entraîné mécaniquement une réforme du paysage français de la formation professionnelle en matière de bibliothèque. Venu d'un autre temps où les choses étaient plus simples (et pardon pour la nostalgie), je ne suis pas le plus qualifié pour dire le parcours du combattant des candidats à des concours successifs, éventuellement lauréats successifs, et de tout ce temps passé à des formations éclatées ou redondantes (jusqu'à trois fois le même intervenant sur le même sujet au gré des dispositifs qui s'enchaînent). Tout cet invraisemblable gâchis de temps et d'argent public. Ce serait une œuvre de salubrité publique que d'en réunir le livre noir. J'ai les oreilles pleines de témoignages là-dessus. Il est temps que cela devienne une parole publique.

5) Le sens du métier de bibliothécaire
Le débat a glissé en partie sur le contenu du métier, c'est naturel puisqu'il y avait un défaut de contenu. Est-ce à dire qu'il faut nous mettre d'accord sur le contenu et qu'il faut choisir par exemple entre les " relativistes " et les tenants de la " transcendance ", pour reprendre des termes figurant dans le message de Dominique Noël diffusé le 15 mars (
http://listes.cru.fr/wwws.arc/biblio-fr/2002-03-msg00152.html ? Quelle place dûment proportionnée faire à la technique ? A l'administration ? Au management ? Et aussi... à la générosité ? (Merci à Catherine Clément, dans son message du 18 mars, qui écrit dans une parenthèse : " Anne-Marie Bertrand évoque beaucoup la générosité en parlant de notre métier ").
Je pars du principe que le référentiel des métiers des bibliothèques présenté au congrès de l'ABF de juin 2002 est une bonne base qui nous mettrait d'accord, mais s'il vous plaît, Monsieur le CNFPT, publiez-le ! Je n'en ai que le souvenir d'une présentation orale, et ce document intéresse toute la profession ainsi que les responsables territoriaux et les élus.
Mais le débat contradictoire relativisme/transcendance est tout à fait passionnant et mérite d'être mené dans le respect réciproque. Immanentiste déclaré, je ne partage pas le transcendantalisme d'Olivier Noël, conteste le portrait qu'il fait de ses adversaires dans son message et ne positionne que partiellement la bibliothèque comme " îlot de résistance " face à la " marchandisation ". Mais je rends bien volontiers hommage à son action dans le site Mauvais genre (www.mauvaisgenres.com), avec son collègue Bernard Strainchamps (voyez leur article dans le dernier numéro du Bulletin des bibliothèques de France n°2, 2003 : " Mauvais genres en bibliothèque : l'apport des réseaux " ). C'est du beau service public de société civile, ne devant rien ni à l'État ni aux collectivités locales.
Si j'étais le gouvernement, je les admettrais bien " sur titre " (ou plutôt " sur travaux ").

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M. Dominique LAHARY - dominique.lahary@voila.fr
S'exprimant à titre personnel