Le fonds flottant
ou « la main invisible »
(1)

Ce texte est une des fiches idées élaborées dans le cadre du projet de service Lecture publique et territoires (Bibliothèque départementale du Val d'Oise, 2002-2005). Il n'a pas donné lieu à une application concrète.

1. Définition

Désigne un fonds de documents rattaché non à une bibliothèque particulière mais à un ensemble de bibliothèques et qui par principe n'est pas a priori localisé dans l'une d'elle.

Chacun des documents est localisé là où le dernier usager l'a consulté, emprunté, rendu.

Un fonds flottant peut être total (tous les documents de toutes les bibliothèques concernées) ou partiel (tout ou partie des documents de tout ou partie des bibliothèques concernées).

2. Application

2.1. En BDP

Une BDP qui organise en sus de la desserte traditionnelle trimestrielle un service de fourniture de documents réservés applique le principe du fonds flottant réduit aux documents réservés.

Le stade ultime serait la banalisation de l'ensemble des fonds des bibliothèques entre lesquels se font les échanges.

2.2. Dans un réseau de bibliothèques (relevant d'une ou plusieurs communes)

Les fonds ne sont pas affectés à un point du réseau, sinon pour une mise en place initiale.

3. Objectifs

3.1. Simplifier...

3.1.1. ... la vie de l'usager

L'usager commande des titres qui ne sont pas dans la ou les bibliothèque qu'il fréquente. Il rend les documents là où ça l'arrange.

3.1.2. ... la circulation des documents

Le fonds flottant divise par deux le transport des documents en cas de transfert entre bibliothèques puisqu'il n'y a pas d'obligation de retour.

3.1.3. ... la gestion des collections

Puisqu'il n'y a à gérer qu'une localisation temporaire et non en sus une localisation d'origine et/ou de retour, la gestion tant matérielle qu'informatique de la collection est simplifiée.

3.2. Étendre

4. De la collection à l'usager... et vice- versa

4.1. L'usager au centre...

4.1.1. ... du prêt entre bibliothèques au prêt à l'usager

La notion de prêt entre bibliothèques est dépassée. On fait du prêt à l'usager, c'est tout. La bibliothèque est le lieu de contact entre un fonds global et lui.

4.1.2. ... de la cohérence de l'offre

C'est l'ensemble des usagers qui configure l'offre présentée en rayon, tandis qu'une offre invisible demeure accessible sur demande.

4.2. Nécessité de correctifs ?

La satisfaction de l'usager supposant à la fois de répondre à des demandes explicites et de proposer une offre inattendue, la composition « naturelle » des fonds par le simple jeu de la circulation à l'initiative des usagers peut être compensée par des dispositifs de mise en place relevant

5. Implications en terme de gestion....

5.1. ... informatique

5.1.1. Au sein d'un même système

5.1.2. Entre systèmes

5.2. ... juridique

Ce problème n'existe que si le fonds flottant est organisé dans le cadre de plusieurs collectivités

Pas de solution simple. Fonds commun appartenant à une entité commune dédiée à cette fonction, ou appartenant à une des entités participantes.

5.3. ... bibliothéconomique

5.3.1. Acquisitions

Acquisitions coordonnées, partagées ou centralisées.

On peut même imaginer un système libéral également du point de vue des entités participantes où chacune d'elle acquerrait indépendamment, en espérant qu'à la longue la régulation se fasse d'elle-même.

5.3.2. Eliminations

Nécessairement coordonnées.

5.3.3. Catalogage / Indexation / Cotation

Le catalogage serait réparti ou centralisé, de préférence avec récupération de données.

Pas de travail fin sur l'indexation sauf cas particulier : elle serait issue de la récupération.

La cotation serait nécessairement coordonnée. Un double marquage permettrait deux systèmes de classement.

6. Une philosophie professionnelle

Dominique Lahary (après discussion avec Diane Roussignol)
16 décembre 2002 - 27 avril 2003
mis en ligne le 13 juillet 2004


(1)  L'expression « la main invisible » est du philosophe et économiste anglais Adam Smith (1723-1790). Il entend par là que tous, par la multitude de leurs choix individuelles, contribuent à l'organisation d'un ensemble mieux que si celui-ci avait été consciemment établi :

Chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. À la vérité, son intention en général n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société [...] Il ne pense qu'à son propre gain; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses.

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, IV, 2 (1776)


Publié en ligne par Dominique Lahary