Revue Arabesque, ABES, oct-nov-déc 2013

L’IABD et la mission Lescure : une affaire d’exception ?

Par Dominique Lahary, président de l’Interassociation Archives Bibliothèques Documentation.

Il va falloir du temps pour que se régule, techniquement, juridiquement et économiquement, la circulation des œuvres et des données dans le contexte numérique. Les lois successives sur le droit d’auteur en sont le symptôme. Après la loi DADVSI du 1er août 2006 et la loi Hadopi du 12 juin 2009 est venu avec une nouvelle majorité la perspective d’une nouvelle solution législative propre à concilier l’accès à la culture et la protection des œuvres, sous le nom de code « Acte II de l’exception culturelle ».

L’IABD a été présente à toutes ces étapes mais n’avais pu lors des deux premiers épisodes qu’emprunter la voie étroite des exceptions, dans un contexte où l’attention publique était focalisée sur les relations entre les particuliers et les auteurs ou ayants droit. Le cadre plus large de la mission Lescure portant, selon la lettre de mission sur les contenus numériques et la politique culturelle à l’ère du numérique, a permis à l’IABD, reçue en audition publique le 17 octobre 2012 puis en atelier le 15 février 2013, d’élargir le propos.

Le premier objectif était de positionner les services d’archives de bibliothèques et de documentation publics et privés comme « tiers secteur », aux côtés du secteur marchand et de celui des échanges non marchands. Mission totalement accomplie : le rapport Lescure reprend la formule « tiers secteur » et dans ses 478 pages du rapport le mot « bibliothèque » bénéficie de 213 occurrences.

Une fiche entière est consacrée à « l’offre numérique en bibliothèque », avec une analyse procède de la situation et des perspectives et des propositions notamment sur le livre numérique [1].

Sur l’exception pédagogique, le rapport parle de « cadre juridique inadapté aux nouvelles pratiques pédagogiques » et souligne les insuffisances à cet égard du projet de loi d’orientation et de programmation sur l’école : s’il intègre enfin les « œuvres réalisées pour une édition numérique de l’écrit » que la loi DADVSI  avait exclues, il conserve l’exclusion les œuvres conçues à des fins pédagogiques, les partitions de musiques et les usages récréatifs et s’en tient à la notion d’extrait qui n’a pas de sens pour les œuvres graphiques ou poétiques notamment. La loi a malheureusement  été adoptée en, l’état malgré les démarches entreprises par l’IABD auprès des parlementaires.

L’IABD a également été entendue sur la question des métadonnées. Le rapport Lescure propose « un registre ouvert de métadonnées, grâce à la coopération de toutes les entités, publiques ou privées, qui détiennent des données pertinentes, et en premier lieu des sociétés de gestion collective. »

Enfin le rapport Lescure fait des propositions intéressantes sur l’exception en faveur des personnes handicapées, en particulier le conditionnement des aides à la numérisation au dépôt du fichier sur la plateforme PLATON, lise à la disposition des organismes agréés.

Pour en savoir plus :

-          www.iabd.fr mots clés « lescure » et « exception pédagogique » ;

-          Pierre Lescure, Rapport de la Mission « Acte II de l’exception culturelle » : Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique, mai 2013, http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/Missions-et-rapports/Rapport-de-la-Mission-Acte-II-de-l-exception-culturelle-Contribution-aux-politiques-culturelles-a-l-ere-numerique.



[1] Voir article de Marie-Dominique Heusse dans ce même numéro.